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Faut-il à tout prix chercher à être VU quand on est avocat ?

  • Photo du rédacteur: Samia Bounoua Debeine
    Samia Bounoua Debeine
  • 17 oct.
  • 2 min de lecture

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Un avocat ne devrait jamais se tromper.

C’est la règle implicite de la profession.


Un mot oublié, une date erronée, une clause incomplète et c’est la partie adverse qui marque des points. Chaque faille devient une opportunité pour le contradicteur, chaque approximation un risque de discrédit immédiat et irréversible.


Cette exigence de la précision absolue forge des praticiens redoutables dans une salle d’audience, mais elle façonne aussi une culture qui rend le business development presque contre-nature. Car le développement, à l’inverse, n’est pas un exercice de perfection : c’est un terrain d’exploration, d’essais imparfaits dont on tire des apprentissages.


Par comparaison au monde du digital (qui a lui-même emprunté au design thinking) : on lance une version bêta, volontairement incomplète, on teste, on apprend, on itère, on intègre les retours, on améliore. L’imperfection fait partie du processus.


Dans ce contraste, j’observe deux camps.

> D’un côté, des avocats brillants, qui stagnent non par manque de compétences, mais parce qu’ils refusent l’imperfection.

> De l’autre, ceux qui importent brutalement les codes du digital : portraits en gros plan, posts en mode séduction, quête de visibilité à tout prix. Avec, en retour, une volée de critiques de confrères ulcérés :«


Nous ne sommes pas des commerçants ! »

 

La question mérite pourtant d’être posée.


Un portrait engageant renforce-t-il la crédibilité de son auteur, ou l’affaiblit-il ? La psychologie sociale nous rappelle que l’effet de halo peut rapprocher une personne de son audience : un visage sympathique inspire plus volontiers confiance. Mais la visibilité n’est pas la crédibilité et être vu ne signifie pas être choisi.


Faut-il alors choisir son camp ?


Je ne le crois pas. La vérité réside rarement dans les extrêmes, mais dans une zone plus grise : celle où l’on emprunte aux méthodes modernes ce qu’elles ont de plus utile, sans renoncer à l’exigence de son métier.

La déontologie encadre d’ailleurs strictement la communication des avocats : publicité et sollicitation sont permises, à condition d’apporter une information sincère et de respecter les principes essentiels de la profession.


Il me semble illusoire de vouloir transformer les avocats en commerciaux.

Un commercial démarche, insiste, relance. Cette logique heurte le serment, mais aussi la nature même de leur mission. Ce qui construit l’autorité d’un avocat, ce n’est pas sa capacité à « vendre », mais à éclairer, analyser, formuler le problème du client mieux que lui-même.


Un expert n’essaie pas de séduire. Il inspire confiance parce qu’il apporte de la valeur. Il ne se contente pas de répéter ce qui circule déjà : il met en perspective, va chercher ce que d’autres ne voient pas, croise des sources rares et en extrait du sens. C’est cette compétence qui construit une réputation durable.


Les outils modernes sont là pour amplifier cette autorité, non pour la travestir. Comprendre comment fonctionnent les réseaux est un atout, se fondre dans des recettes standardisées est un risque de discrédit.


On ne choisit pas un avocat parce qu’il est visible, ni parce qu’il est seulement réputé.

On le choisit parce qu’il comprend nos problèmes mieux que quiconque…

 
 
 

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